jeudi 6 janvier 2011

Psychose mystique.



Dans ses formes paroxysmiques, l'expérience spirituelle ressemble en bien des points à une crise psychotique. J'ai relativement vite compris cette embarrassante ambiguïté. Je m'adonnais donc à quelques recherches critiques. Les conclusions mi-figues mi-raisins, au début, encourageaient ma pudeur sans plus. Je restais secret sur ces questions intimes par crainte de passer pour un fou.

Mais une autre pudeur, plus spontanée et plus impérieuse, régissait la question spirituelle dès ma plus tendre enfance parce que le plaisir mystique ressemble au plaisir sexuel. Je devais me taire simplement parce que la nature incline à cette discrétion pour toutes les formes de jouissances sexuelles. Il fut un temps d'ailleurs pendant lequel j'aimais utiliser la formule «orgasme religieux» lorsque je pensais à la question mystique.

En mon for intérieur, je n'ai évidemment jamais pu confondre l'hallucination et l'expérience mystique. La distinction est devenue plus claire encore lorsque j'ai commencé à fréquenter les unités psychiatriques dans le cadre de mes études de médecine. Je me souviens en particulier d'un patient qui entendait des voix qui lui ordonnaient de boire son urine et qui, etc. Je n'avais pour ma part jamais eu l'impression d'entendre des voix ni surtout pu associer l'expérience spirituelle à la moindre contrainte comportementale!

Mes conclusions étaient très infantiles bien-sûr, mais même si ma recherche nosologique ne donnait pas de résultats plus nets, je «sentais» des différences irréductibles. La principale étant certainement que les expériences spirituelles, plutôt que de me distancer du réel semblait m'en rapprocher puisqu'elle semblait m'armer mieux pour m'y confronter. En plus, l'expérience spirituelle non seulement ne me faisait jamais souffrir, mais me donnait une énergie créatrice et volitive énorme. Elle respectait parfaitement la toute-puissance de l'altérité et semblait même m'en dévoiler l'ampleur non pour augmenter mon anxiété mais, paradoxalement, pour m'inviter à l'aimer.

Aujourd'hui, je ne prendrais évidemment pas ce risque de me réessayer à cette recherche nosologique si je n'avais pas derrière mes convictions (qui n'ont pas changé) l'appui d'un courent de chercheurs qui donne à cette distinction des allures de plus en plus scientifiques. L'expérience spirituelle a beau être par excellence une expérience subjective, on commence néanmoins à savoir l'approcher par des outils de psychométrie. Certes on reste encore dans des sphères floues qui pourraient faire sourire les amateurs de sciences exactes mais on s'écarte de plus en plus des simplismes époustouflants de la psychiatrie verbeuse traditionnelle. (Je conseille à mon lecteur de consulter le web à ce propos avec des mots-clés comme "expérience spirituelle"+"neuroscience" ou "neurologie"+ etc. Tout cela évolue très vite!)

L’essentiel :
http://champion20.monsite-orange.fr

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